Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/113

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l’accusera, par exemple, de trop de tiédeur dans l’amitié. On ne sent pas que cette même absence de passions, à laquelle il doit la modération dont on le loue, doit le rendre moins sensible aux charmes de l’amitié.

Rien de plus commun que d’exiger dans les hommes des qualités contradictoires. L’amour aveugle du bonheur excite en nous ce desir. On veut être toujours heureux, et par conséquent que les mêmes objets prennent à chaque instant la forme qui nous seroit la plus agréable. On a vu diverses perfections éparses dans différens objets ; on veut les trouver réunies dans un seul, et goûter à-la-fois mille plaisirs. Pour cet effet on veut que le même fruit ait l’éclat du diamant, l’odeur de la rose, la saveur de la pêche, et la fraîcheur de la grenade. C’est donc l’amour aveugle du