Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/177

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S’il est très dangereux de toucher trop souvent à la machine du gouvernement, je sais aussi qu’il est des temps où la machine s’arrête si l’on n’y remet de nouveaux ressorts. L’ouvrier ignorant n’ose l’entreprendre ; et la machine se détruit d’elle-même. Il n’en est pas ainsi de l’ouvrier habile ; il sait, d’une main hardie, la conserver en la réparant. Mais la sage hardiesse suppose une étude profonde de la science du gouvernement ; étude fatigante, et dont on n’est capable que dans la premiere jeunesse, et peut-être dans les pays où l’estime publique nous promet beaucoup d’avantages. Par-tout où cette estime est stérile en plaisirs, il n’y croît pas de grands talents. Le petit nombre d’hommes illustres que le hasard d’une excellente éducation ou d’un enchaînement singulier de circonstances rend