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qu’elle fait une perte plus difficile à remplacer. Les méprises de sentiment sont en ce genre très fréquentes. On chérit rarement un enfant pour lui-même. Cet amour paternel[1], dont

  1. Ce que je dis de l’amour paternel peut s’appliquer à cet amour métaphysique tant vanté dans nos anciens romans. L’on est en ce genre sujet à bien des méprises de sentiment. Lorsqu’on imagine, par exemple, n’en vouloir qu’à l’âme d’une femme, ce n’est certainement qu’à son corps qu’on en veut ; et c’est à cet égard pour satisfaire et ses besoins et surtout sa curiosité qu’on est capable de tout. La preuve de cette vérité c’est le peu de sensibilité que la plupart des spectateurs marquent au théâtre pour la tendresse de deux époux, lorsque ces mêmes spectateurs sont si vivement émus de l’amour d’un jeune homme pour une jeune fille. Qui produiroit en eux cette différence des sentiment, si ce ne sont les sentiments