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DE L’HOMME,

souvenir l’idée de foiblesse, à laquelle se joint toujours l’idée du malheur. Le desir de la louange est commun à tous : mais trop sensibles à cette louange, les peuples ont quelquefois donné le nom de bons patriotes à leurs plus vils flatteurs. Qu’on vante avec transport les vertus de sa nation, mais qu’on ne soit pas aveugle sur ses vices. L’éleve le plus vraiment aimé n’est pas le plus loué. Le véritable ami n’est point adulateur.

Les particuliers ne sont que trop portés à vanter les vertus de leurs concitoyens ; ils font cause commune avec eux. Notre adulation pour nos compatriotes n’est point la mesure de notre amour pour la patrie ; en général point d’homme qui n’aime sa nation. L’amour des Français est naturel aux Français. Pour devenir mauvais citoyen il faut que, détachant