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PŒUF.

fois… seulement revoir ! — tout en étant persuadé que je ne me contenterais pas de cela.

Je dressai mes batteries, et, la pièce où dormaient mon père et ma mère me défendant le Champ-d’Arbaud, j’eus vite fait de comprendre qu’il me serait possible de fuir la maison, avant l’aurore, grâce à la porte d’une ruelle sise au bout de notre cour. La chose était simple.

— La tenterais-je ? finis-je néanmoins par me dire, tellement j’abominais la nuit et son imprévu, cet imprévu qu’il m’était nécessaire d’affronter pour mener à bien mon escapade.

Je m’endormis, sans rien résoudre, mais à chaque bruit j’ouvrais un œil. Les moindres bourdonnements de moustique m’éveillaient. Ma pendule avait des tic tac inquiétants. J’écoutai sonner minuit, deux heures, trois heures et demie.

Une apparence de lumière, un imperceptible reflet me semblant toutefois s’écraser sur mes vitres, il convenait que je cessasse de tergiverser.

Et sournoisement j’abandonnai mon lit, les yeux écarquillés, le souffle éteint, le cœur battant fort. J’enfilai mes chaussettes, ma culotte ; mais je suffoquais presque, l’oreille au guet, à force d’étouffer ma respiration, pour qu’elle n’amplifiât par l’inévitable froufrou dont s’entourent les étoffes. Sur le point d’agrip-