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PŒUF

quelques curieux, hommes et femmes de couleur.

Nous entrâmes à notre tour, — on allumait les cierges, — et, rasant deux tréteaux, deux simples tréteaux de bois fruste établis face à l’autel, nous allâmes nous placer contre une dame que je distinguai, malgré l’obscurité de la nef, pour être la femme d’un capitaine surnommé la Trogne.

Je cherchai des yeux mon père, le groupe d’officiers, — et je les découvris à droite et à gauche du chœur, debout, sans couvre-chefs, au dos d’une balustrade.

C’était très amusant !

Du bruit éclatant alors vers le porche, je me retournai, et, par la grand’porte, béant sur une flambée de soleil, s’avança toute une compagnie d’infanterie de la marine, fusils baissés, croix et prêtre en tête.

Elle s’échelonna de chaque côté des tréteaux. Un flot de sergents, de caporaux et de soldats, les curieux de la première heure, plusieurs nouveaux venus, beaucoup de négresses à sa suite, pêle-mêle se répandirent aux quatre coins de la nef ; puis : Portez armes !… Présentez armes ! commanda d’une voix brève le lieutenant de service. Des mains tapèrent sur les fusils, — personne ne pleurait ; — et le cercueil de Barrateau pénétra dans l’église, sous un drap noir,