Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/105

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rance que je pouvois attendre pour moy ; mesmes voyant l’honneur et bonne chere que vous, Madame, le Roy vostre fils et le roy de Poloigne faisiez à ceulx de Guise. Lesquels non contens de ce qu’ils avoient voulu faire au feu Roy mon pere et à monsieur le Prince mon oncle, triomphoient de ma honte, non toutesfois qu’il m’entrast en l’entendement de vous estre aultre que trez fidèle et affectionné serviteur. Ce que j’esperois vous faire paroir à la Rochelle, où je fus resolu de vous bien et fidelement servir, et de suivre de si pres le roy de Poloigne, qu’il vous pleust tesmoigner le fond de mes intentions. Or estant si pres de luy, je fus adverti par quelqu’un de mes bons amys, qu’on vouloit faire une seconde Sainct-Barthelemy, et que monsieur le Duc et moy n’y serions non plus espargnez que les aultres. Oultre plus, le vicomte de Turenne[1] me dit qu’il avoit sceu pour certain de la Court, que monsieur de Villeroy[2] apportoit la despesche pour faire l’execution, et que si ma femme estoit accouchée d’un fils, le Roy advanceroit ma mort. Mesmes quelques uns de mes gentilshommes furent advertis de leurs amys qui estoient à monsieur de Guise, qu’ils sortissent de mon quartier pour aller au leur, par ce

  1. Henri de la Tour, vicomte de Turenne, comte de Montfort et de Negrepelisse, vicomte de Châtillon, etc. fils de François de la Tour et d’Éléonore de Montmorency, né le 28 septembre 1555, commandait alors trente hommes d’armes des ordonnances. Premier gentilhomme de la chambre du roi de Navarre et ami intime de ce prince, il devint, par son mariage, duc de Bouillon, prince de Sedan, etc. le 15 octobre 1591, fut fait maréchal de France en 1592, et mourut le 25 mars 1623. C’est le père du grand Turenne.
  2. Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, d’Alincourt, etc. premier secrétaire d’état sous les rois Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII, l’un des hommes qui ont eu sur les affaires de l’état l’influence la plus longue et la plus directe, était fils de Nicolas de Neufville et de Jeanne Prudhomme. Né en 1543, il mourut à Rouen le 12 novembre 1617. C’est à son grand-père qu’appartenait la maison de la Thuillerie, ou des Tuileries, sur l’emplacement de laquelle Catherine de Médicis bâtit le palais de ce nom.