Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/154

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un donné à entendre que j’avois entreprinse de me saisir de la dicte ville. Qui est une calomnie et imposture trop evidente, pour que, si j’eusse eu ceste intention et desliberation, le moyen m’en avoit esté ouvert auparavant plus à propos, lorsque je fus semons par les depputez de la court de parlement et du corps de la dicte ville d’y aller. Ce que je differay, voyant qu’ils avoient promptement et volontairement embrassé la paix, et que pour ce regard ma presence n’y estoit requise ; joinct que m’accompagnant de messrs les mareschal de Montluc, sieurs de Biron, de Lauzun[1], de Gondrin[2], de Sainct Orans[3], plusieurs aultres seigneurs et gentils-hommes catholique et du dict Admiral mesmes, pour aller lors en la dicte ville, il n’est vray-semblable que j’eusse ni la volonté ni le moyen de faire une telle entreprinse, ni que les dicts seigneurs, sans lesquels je ne l’eusse peu executer, m’y eussent voulu prester la main. Mais bien est-il croyable et certain, que tous ces calomniateurs n’ont poinct tel zele et intention à ce qui touche le bien des affaires du Roy mon seigneur, et la conservation de son auctorité royale et fermeté de sa couronne, que moy qui ay plus d’interest qu’ils ne peuvent avoir. Depuis aussi, le dict Admiral, non content de ces premiers remuemens, a mandé à plusieurs de la noblesse catholique de ce pays de se tenir prests en armes et che-

  1. Gabriel Nompar de Caumont, comte de Lauzun, vicomte de Montbahus, baron de Pui-Guilhem, etc. fils de François Nompar de Caumont et de Charlotte de la Roche-André, d’abord écuyer d’écurie du Roi, puis gentilhomme ordinaire de sa chambre, lieutenant, ensuite capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances, conseiller d’état, chevalier de Saint-Michel, puis du Saint-Esprit en 1585.
  2. Hector de Pardaillan, seigneur de Montespan et de Gondrin, etc. capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances et capitaine des gardes du corps du Roi, chevalier des ordres en 1585, mort en 1611, à l’âge de quatre-vingts ans, après avoir servi sous six rois.
  3. Le texte porte Saint-Ormis, ce qui paraît une faute d’impression. Les seigneurs de Saint-Orans ou Orens, du nom de Cassagnet, sont alliés et voisins des autres seigneurs précédemment nommés, tandis que nous n’en trouvons point du nom de Saint-Ormis.