Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/206

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de sorte qu’il nous fault bien par patience vaincre tous les obstacles et empeschemens que aulcuns desirans le renouvellement des troubles donnent à l’establissement de la paix, et demonstrer que nous la desirons plus que ceulx qui nous blasment. Voilà les plainctes que j’entends ordinairement de ceulx de la Religion, et que j’ay bien voulu vous representer, mon Cousin, afin que vous les entendez et que, suivant la bonne affection que vous avés au bien et repos de cest estat vous y apportés les remedes convenables et que gens de bien desirent de vous. J’ay un si notable interest à la conservation de ceste couronne, que je ne me laisseray jamais surmonter en cela à aultre quelconque, de zele et droicte intention ; vous priant que avec une bonne correspondance de volonté et moyens, nous puissions establir une bonne et durable paix par deçà. Pour à quoy parvenir et essayer de donner quelque bon advertissement, j’ay prié mon cousin, monsr de Turenne, de partir pour vous aller trouver pour cest effect, lequel m’a promis de partir dans huict jours. Et par lequel, parce que je vous feray plus amplement entendre de mes nouvelles, je ne vous en diray davantage, si ce n’est pour vous prier de croire et vous asseurer que je suis et desire demeurer toute ma vie

Vostre affectionné cousin et parfaict amy,
HENRY.


D’Avignonnet[1], ce xive mars 1578.

  1. Petite ville de l’ancien Lauraguais, aujourd’hui à l’extrémité est du département de la Haute-Garonne. Le roi de Navarre venait de la reprendre sur des troupes indépendantes de réformés, qui « s’emparèrent, dit dom Vaissète, de Baillargues au diocèse d’Agde, de Sallèles au diocèse de Lodève, de Saint-Martin-le-Vieux et de Cailhavel au diocèse de Carcassonne, qui furent repris depuis par les catholiques, d’Avignonet en Lauraguais, de Carla près d’Alby, de Saint-Remezé et Paillarès au diocèse de Viviers, du château de Vialart, au diocèse de Mende, etc. et ils recommencèrent leurs brigandages sur les grands chemins. Le parlement de Toulouse en ayant porté des plaintes au roi de Navarre, qui étoit alors à Mazères, dans le pays de Foix, ce prince se mit en armes, attaqua et reprit Avignonet. » (Histoire générale de Languedoc, l. XL.)