Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le tout seroit trop long à discourir) croire de tout ce qu’il vous dira et declarera de ma part, comme si c’estoit moi-mesme. Ce que je vous puis adjouster icy, mon Cousin, c’est que je vous prie de toute mon affection d’employer vostre auctorité, et prudence pour nous faire bientost sentir les effects de la bonté et benignité de Sa Majesté, vers laquelle nos pauvres esglises jettent perpetuellement les yeux. Et en ce, outre l’obligation qu’en general elles vous auront, vous m’aurez de plus en plus obligé à reconnoistre ce bon office en toutes occasions où me voudrez employer. À tant, mon Cousin, je feray fin, saluant bien affectueusement vos bonnes graces, et prieray Dieu vous donner, en santé, heureuse et longue vie. De Lectoure, le xiije avril 1580[1].

Vostre plus affectionné cousin et parfaict amy,
HENRY.


1580. — 15 avril.

Cop. – B. R. Fonds Brienne, Mss. 207, fol. 494 recto.


À MESSIEURS DE LA NOBLESSE.

Messieurs, Je ne doubte poinct qu’une bonne partie d’entre vous, et du peuple mesme, qui sous la faveur des edicts du Roy mon seigneur avoit jà gousté quelque fruict de la derniere paix, ne trouve maintenant estrange de voir les troubles dont ce Royaume est si longuement agité, et que l’on estimoit assoupis, se renouveler encores, et les armes reprises par ceulx de la Religion. J’estime aussy qu’aprés plusieurs discours des raisons et occasions qui les ont meus de ce faire, chascun jugeant selon sa passion, ou selon qu’il aura peu entendre, ils en voudront rejeter toute la haine sur moy comme chef et protecteur des eglises reformées, et me donneront d’aultant plus le blasme, que, tenant le rang qui de nature et de sang m’appartient,

  1. Le prince de Condé écrivit en même temps une lettre, datée de La Fère le 12 avril, et adressée à lord Burghley, grand trésorier d’Angleterre, par laquelle il demandait aussi des secours. Cette lettre a été également donnée par MM. Champollion.