Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/426

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j’ay faictes par les srs d’Yolet, de Lambert[1] et de la Combe, qui ne sont encores de retour : qui me faict esperer d’en avoir bonne issue ; laquelle a esté, à mon advis, retardée par la prise de Riquestat[2], et aultres contraventions que continuent les catholiques. Je depeschay incontinent celuy qui vint devers moy, pour le prieur de St-Martial, et escrivis pour sa delivrance au capitaine Chamayeu. Je crois que messrs de Thoulouse cognoissent par mes actions qu’ils ont plus d’occasion de se contenter de moy, que je n’ay du peu de justice qu’ils font, et de la faveur qu’ils prestent à ceulx qui surprennent les places.

Or, pour venir à vostre seconde lettre qui touche deux poincts, l’ung du retour du dict sieur mareschal, l’aultre de sa reconciliation avecques moy, je vous diray, Monsr de Believre, quant au premier, que vous avez beaucoup faict pour le repos de ceste province, de l’avoir diverty de ce voyage. Si est-ce que bientost aprés il est venu jusques à Blaye, et de present, comme j’entends, il est encores à Bourg[3]. Et s’il n’est dedans Bourdeaux, il se tient comme aux faux-bourgs, et ne se peut contenir d’escrire toutes sortes de lettres à tout le monde, pour donner l’alarme et nourrir la deffiance, ainsy que verrés par le double de celles que j’envoye et qu’il escript à messrs de la court. Croyez, Monsr de Believre, que l’importance ne m’est poinct qu’il soit en sa maison, pourveu qu’il ne feist poinct de mal ; mais les causes et pretextes qu’il vous a alleguez sont recherchez et foibles. Vous estes trop advisé pour ne le cognoistre poinct. Nous sommes assez advertys qu’il est maintenant à faire ses practiques, pour la mairie de Bourdeaux, de laquelle il sort ce premier jour d’aoust, pretendant se faire continuer, ou substituer son fils[4], ou bien le sr de Duras ou

  1. Probablement Pierre de Lambert, seigneur de Rouziers et de la Mazardie,fils de Bertrand de Lambert, seigneur de Lamourat et de la Mazardie, et de Catherine de Siorac.
  2. « Le 6 juin les catholiques se saisirent de Requista et le pillerent. » (Journal de Faurin sur les guerres de Castres.) Requista, petite ville du Rouergue, est aujourd’hui un chef-lieu de canton du département de l’Aveyron.
  3. Bourg-sur-Gironde.
  4. Déjà, l’année précédente, le maréchal de Biron, lorsqu’il s’était cassé la cuisse, s’était fait remplacer dans le commandement de l’armée par ce fils, âgé seulement de dix-huit ans, le même dont l’exécution à mort devait devenir un fait d’une si haute gravité sous le règne de Henri IV. Quant à la candidature à la mairie de Bordeaux, elle ne réussit ni pour le père nipour le fils. Les Bordelais choisirent Michel de Montaigne ; et l’illustre auteur des Essais, après ses deux années de fonctions, fut continué, et resta ainsi dans cette charge jusqu’en 1585. Il eut pour successeur le maréchal de Matignon.