Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/525

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quelques bons services. Mais une chose me retarde d’avoir cest heur si tost, qui est que je desirerois, premier que partir d’icy, suivant les precedentes de Vostre Majesté, emporter ce contentement avec moy, d’avoir esteinct en ceste province toute semence de troubles et alterations, pour n’avoir ce malheur et regret, quand je serois prés de Vostre Majesté, qu’il y advint encores quelque folie. Et pour parler franchement, quelque peine que nous y ayons prise, monsr le mareschal de Matignon et moy, je ne voy encor cela si bien et si seurement accompli qu’il seroit à souhaiter. C’est pourquoy j’escrivois n’a gueres à Vostre Majesté, qu’il y avoit grand nombre de personnes par deçà qui se plaignoient d’estre recerchés par messrs de la chambre de Justice et aultres juges, et pareillement par les prevosts, de plusieurs cas compris en l’Edict et conferences, comme de rançons payées durant la guerre, de fermes et receptes de biens ecclésiastiques, de levées de contributions, de ports et exploicts d’armes, faicts avant la conference de Flex, et choses semblables, desquelles devant tous juges ils seroient renvoyés absous par la volonté de Vostre Majesté, desclarée en ses dicts edicts. Mais, Monseigneur, ce sont gens de guerre, qui ne s’entendent en procez, et dés qu’ils oyent parler d’adjournement ou d’assignation, pensent estre pris. Et ceste alarme les pourroit jeter en un désespoir qui les precipiteroit en quelque faulte, dont l’estat present de ce pays n’a besoing. Pour ceulx-ci et semblables, Monseigneur, j’ose requerir tres humblement Vostre Majesté vouloir accorder une interdiction à toutes courts, chambres, juges, prevosts, etc. de proceder contre eux, comme plus amplement le sr de Lesignan, present porteur, le vous fera entendre ; reservant tousjours, ainsi qu’il est porté par les articles secrets, les cas execrables, violemens, meurtres de party à party, bruslemens sans occasion de guerre, etc. contre lesquels au contraire je desirerois jeter la premiere pierre et employer tout ce que Dieu m’a donné d’authorité soubs la vostre. Par ce moyen, ceulx que Vostre Majesté veult conserver par ses edicts seront hors de peine, et nous, par consequent, de celle qu’ils nous pourroient peut-