Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/678

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et la moderation dont j’ay usé à y rentrer, Vostre Majesté non-seulement ne me mettroit pas en peine de m’en excuser, mais elle l’auroit agreable, et l’approuveroit. Je sçay, Monseigneur, que cela ne vient de vous, ains de ceulx qui se pensent advancer et mettre en grace, et accroistre leur credit, en vous desguisant toutes mes actions, ou les rendant suspectes. Mais si mon malheur est tel que les calomnies sont preferées à la verité, et qu’il plaise à Vostre Majesté estimer ceulx qui interpretent mal mes actions plus dignes d’estre creus que moy, qui ay plus de moyen et de volunté de faire service à Vostre Majesté qu’ils n’ont, Dieu et ma conscience seront tousjours tesmoings de l’affection singuliere que je porte à Vostre Majesté, et de l’entiere devotion que j’ay à tout ce qui concerne le bien de son service et de son Estat ; à quoy je postpose toutes aultres choses quelconques, n’ayant rien de plus cher ne precieux en ce monde que l’heur de vostre bonne grace, ny que je desire plus, que vostre prosperité, ainsy que les effects feront evidemment paroistre. J’attends la response qu’il plaira à Votre Majesté me faire par les srs de Clarvant et du Plessis et de recevoir par eux voz commandemens, esperant qu’ils seront tels que j’auray le moyen d’y obeyr et satisfaire aussy promptement comme j’en ay tres bonne volonté. Et ce pendant je supplieray Nostre Seigneur vouloir,

Monseigneur, conserver Vostre Majesté longuement et tres heureusement en tres parfaicte santé. De Pau, le viije jour de fevrier 1584.

Vostre tres humble et tres obeyssant

subject et serviteur,


HENRY.