Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/180

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170 LETTRES MISSJVES Je viens à moy mesme. Soit que vous jugiés de moy par moy, ou par la comparaison de ceulx de ceste Ligue, je scay bien que vous ne ine pouvés donner le tort. Je scay mesmes qulen vos ames vous le donnés ' `à mes ennemis. Ils se meslent de parler de ma religion ‘1 Vous qui ‘ cognoissés la dignité du sang de France, qui scavés bien dire que ` vous ne devés respect qu’à cestuy-là, sera-il donc dict que j’en rende compte à Yestranger? Me suffit-il poinct d'en donner contentement au Roy et à la France? Quelqu’un s’est-il plainct que je l’aye violente pour sa religion? Et qu’ay—je peu faire, au reste, ou plus raisonnable, ou plus chrestien, que de requerir un bon concile? lls se sont for-. malisez aussi du gouvernement de cest Estat, ont voulu pourvoir à la succession, l’ont faict decider a Rome par le Pape. Vous donc qui tenés le premier lieu en ce Royaume, si le besoing d’iceluy l’avoit requis, auriés—vous esté si nonchalans de vous laisser prevenir par estrangers en cest oflice? n’auriés—vous poinct eu de soing de la pos- terité? vous seriés vous endormis en ce debvoir? Car qu’a-on veu que Lorrain en tous ces remuëmens? Mais certes pour reformer ` ou trans-former l'Estat, `comme ils desirent, il n’estoit besoing de vostre main. Pour faire passer l’Estat en estrangere main, il n'ap— partenoit. qu’à estrangers à Yentreprendre. Pour chasser la France hors de France, le procez ne se pouvoit juger en France ; elle estoit A par trop suspecte en ceste cause ; il falloit qu’il fust jugé en Italie. lls se sont au reste pris directement à moy. Je me suis oîH’ert à un duël ; je suis descendu au dessous de moy-mesme ; je n’ay desdiaigné de les combattre. Je l’ay laict, et Dieu m’en esttesmoing, pour sau- ' ver le peuple _de ruïne, pour espargner vostre sang, de vous ; dis—_je, de qui principalement il se respand en ces `miseres. S’ils avoient A quelque chose à dire contre moy, leur.estoit—il pas plus honorable-? S’ils avoient à cœur le bien et salut de cest Estat, les mettoisje pas en beau chemin? Il s’en est trouvé qui mettoient leur vie pour le salut de leur patrie. Quels jugeréswous estre ceulx-cy, qui pour se soustraire du danger veulent voir perir tout un Estat? Vous faites profession de gens d’honneuri quel tort ont-ils faict à leur honneu-r