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LETTRES MISSIVES

ANNÉE 1587

1587. — 1er janvier.

Cop. — Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 253. Communiqué par M. le préfet.


[À MADAME DE BETHUNE.]


Madame de Bethune[1], L’amytié que j’ay portée à feu vostre mary[2], qui a prins sa premiere nourriture avecques moy, et la souvenance que j’ay de sa valeur et de ses services (oultre le regret que j’ay de l’avoir perdu), me donneront tousjours assez d’occasion de faire pour les siens, et d’avoir soing de leur advancement. Pour le regard de ce qui luy estoit deub, j’y pourvoyray par quelque bonne assignation ; car vous sçavez que les grands affaires que j’ay maintenant ne me donnent pas le moyen de le faire si promptement comme je desirerois. Pour ce qui touche vos enfans[3], je seray bien aise qu’ils suivent le chemin de la vertu du pere, et qu’ils soient nourris et institués en sa religion, comme c’a esté tousjours son intention, et luy

  1. Lucrèce de Coste, fille de Ludovic de Coste, comte de Berme en Piémont, chevalier de l’ordre du Roi, et d’Aurélia Spinola. Elle avait épousé, en 1574, Florestan de Béthune, seigneur de Congy, dont nous avons parlé, lettre du 26 juillet 1580, note 1.
  2. Voici comment la mort de Béthune est racontée par de Thou, à l’année 1586 : « François de Jobert, sieur de Barraut, sénéchal de Bazas, s’étant mis en campagne avec un détachement de cavalerie, pour faire des courses du côté de Sainte Foy, rencontra Florestan de Béthune, gouverneur de Montflanquin, qui étoit compagné de Clermont, sieur de Piles, de Maligny, et d’un des fils de Jean la Fin, sieur de Beauvois. Le choc fut rude. Le sieur de Montardit, lieutenant de Barraut, le capitaine Chilaud, de Périgueux, et Charles de Birague..... chargèrent vigoureusement les protestans ; et, comme ils avoient l’avantage du nombre, Béthune, Maligny et quelques autres furent tués sur la place en combattant avec beaucoup de valeur. » (Hist. univ. l. LXX.XV.)
  3. Ils étaient six : trois garçons et trois filles. Les fils moururent tous les trois sans postérité, et en eux s’éteignit cette branche de la maison de Béthune.