l’ambition demesurée des Ligueurs n’apporte-enfin la ruine totale de
cest Estat, dont la conservation nous est en singuliere recomman— _
’ dation, à laquelle nostre debvoir et le rang qu’il a pleu à Dieu nous
y donner, nous oblige, contraincts, à notre trez grand regret, d’em— i
ployer la force, comme le seul remede et moyenextraordinaire qui
puisse apporter quelque soulagement à la France accablée et gemis-
sante soubs le poids de la tyrannie des Ligueurs : declarons et pro-
testons que les armées que nous sommes determinez à mettre en cam-
paigne et joindre au secours des alliez et confederez de ce Royaume
(tous alfectionnez au repos et au bien d’iceluy, ainsy qu’ils en ont donné
des tesmoignages certains et asseurez par les ambassadeurs qu’ils ont
depeschez vers Sa Majesté), ne sont poinct pour nous opposer à Sa
Majesté, de laquelle nous Feronsitoujours cognoistre par des effects
, reels combien nous sommes ses trez humbles, trez obeissans et trez
fideles subjects et serviteurs ; mais— pour la deslivrer de l’oppression
et de la tyrannie des Lorrains, ses pluscruels ennemys, et les nostres,
luy faire cognoistre l’autorité qu'ils ont usurpée et qu’ils usurpent
encores tous les jours ; remettre le Roy en estat d'estre obeî de tous
ses subjects, restablir les princes, seigneurs et gentilshommes l’ran—
çois dans les preeminences, le credit, les honneurs et les dignitez
deues à leur rang et à leur naissance ; pourvoir, par une assemblée
generale et libre -de ce Royaume, legitimement convoquée, au soula—
gement du peuple par l’abolition des imposts dont il est accable, à
destruire une auctorité estrangzere, et par là establir une paix ferme
et solide dans le Royaume.
l Supplions Vostre Majesté d’avoir pour agreable la prinse de noz
` armes, et de croire que nous ne les prenons que pour luy, pour sa li-
berté et pour son service ; que nous sommes prets d'aller La trouver
dans tel endroict qu’il luy plaira nous commander. Prions aussy tous
roys, princes,;seigneurs, gentilshommes, courts de parlement, bour—
geois, villes et comunautez, tant voisins, alliez que subjects de ceste
couronne, de nous vouloir assister et secourir dans u—ne aussy saincte
et aussy louable entreprinse, soit de leurs personnes, vivres, armes
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