Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/455

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. DU ROI DE NAWVARRE. `- (145 nous rendoyent plus sages pour l’advenir. Vous le sçavés, et je crois qu’il n’y a personne sipassionné aujourd’huy qui me puisse desnier ce tesmoignage ; ce qui me console tant, que certainement j’estime _qu’oultre_ la justice de ma cause, rien n’a tant flechi le courroux de Dieu contre moy, rien ne l’a tant esmeu à me deffendre que cela} Or, s'il luy eust pleu tellement toucher le coeur du Roy mon sei—. gneur, et les vostres, qu’en Tassemblée que quelques ungs de vos dep- ‘ ` putez ont faicte à Blois, prés Sa Majesté, j’eusse esté appelé, comme certes il me semble qffil se devoit, et qu’il m’eust esté permis, libre- ment de proposer ce que j’eusse pensé estre de Tutilité de cest Estat, j'eusse’f`aict voir que j’en avois, non seulement le desir au cœur, les paroles à la bouchenmais encore les effects aux mains ; que je n’ay poinct des ouvertures à desseing, des propositions conditionnées, de beaulx mots auxquels je ne vouldrois pas pourtant m?0bliger ; au con-, traire, de bonnes resolutions, de l’afl’ection,à' la grandeur du Roy et — du Royaume, autant qu’il se peut, voire aux despens de la mienne ; et que, quand tout le monde y sera disposé, il ne fauldra ny traiter ny capituler avec moy : ma conscience m’asseurant que rien ne m’ai I jamais rendu difficile, sinon sa consideration et celle de mon honneur. Puisque cela ne s’est poinct faict (ce que,'peut-estre, la Rrance s comptera pour une de ses faultes, n’y ayant poinct de si- bon mede ` cin que celuy qui aime le malade), je veulx donc au moins vous faire entendre à ce dernier coup, et ce que je pense estre de mon debvoir, et ce que j’estime necessaire au service de Dieu, du Roy mon sou- A verain, et au bien de ce Royaume ; afin que tous les subjects de ceste couronne en soyent instruicts, et que tous, pour _ma descharge, sea- chent mon intention, et, par mon intention, mon innocence ;. Je vousrepresenteray premierement mon estat : non me glo- rifier, toutes et quantesfois que je le feray Dieu mîabaissera ; non pour vous dire que je parle à cheval et bien à, _mon aise, le mesme Dieu scait en quoy gist mon contentement, en quoy je «me fie, en quoy je mets mon principal appuy ; mais pour vous representerdeux choses : l’une, la condition de ces miserables guerres, les avantages