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LETTRES MISSIVES


gré. Cependant le siege se continue tousjours au fort de Saincte-Ca- therine. Il nous y est venu un peu de desordre depuis trois jours, par une grande sort—ie. que Brent les assiegez, à la faveur d’un grand brouillard qui les couvrit jusques àv ce qu’ils feussent dans les tran- chées ; lesquelles ils attaquerent par la teste et par la, queue ; et pen- dant que les François combattoient à la dicte teste, quelques lans- quenetz, qui estoient à la queu_e, Yabandonnerent, de sorte que les dicts François se trouverent assaillys par devant et par derriere. Cependant le meurtre y tut bien egal de part et dlaultre. Mon cou- sin lemareschal de- Biron accourut à l’alarme avec un regiment de Suisses ; mais ce ne put estre sy tost, que les ennemys 11`eussent en le loisir de rouler dans leurs lossez trois de nos canons, qui- en estoient fort proches. Mon dict cousin les poursuivit et chassa. jus- ques à leur contrescarpe, ou il lut blesse d’une arquebusade à la jambe, _ augdessous du genouil, sans toucher à l’os ; et n’est la bles- sure aucunement dangereuse. La fortune a desjà commencé à nous ` reparer ceste petite d_el’aveu1t, —s'estant le vent tourne, aprés avoir demeure, pres de cinq sepmaines, contraire au passage de trois mil soldats que menoient ceux des Pays—Bas, et viens de recevoir nouvelle qu’ils sont arrivez à Dieppe ; et pareillement _i’ay en- aussy advis qu’un pareil secours qui me venoit d’Angleterre cstoit em— barque, et devoit arriver dans un jour ou deux. Avec cela _j’espere de, faire de seize à dix sept mil hommes de pied, qui est plus qu’en ont les enneinys ; mais j’ay bien plus dîadvantage en quantite et qua- lite de qavallerie, car il n’y a pas icy moins de cinq mille chevaux françois et quatre mille reistres, et tout avec telle resolution au com- bat, qu’il y a bien plus de peine a les retenir qu’à les esmouvoir.—Avec de sy belles et bonnes forces, je m’asseure que je seray excuse de hazarder la bataille, si l’occasion s’en presente. Il ne peut plus gueres difterer que les choses ne se resolvent ou au combat, ou que. les cnnemys ne faoent place. Vous ne tarderés pas longtemps que vous ‘ n’en ayes des nouvelles, et espere qu'elles ne seront que bonnes. Cest ce que je vous diray pour ceste fois : sur oe, je prie Dieu, mon