de conserver la dicte province comme me mandés, de laquelle je
desire la conservation autant que de nulle aultre de mon Royaume,
` comme estant l’une des principales ; et quand Dieu m’aura faict la
L grace d’avoir combattu l’armée de mes ennemys, laquelle jîay en
teste, je feray cognoistre par les efiects combien je desire conserver
ma dicteprovince de Champaigne, et tous mes subjects et bons ser-
viteurs qui sont en icelle. Mais ce pendant `que je suis occupé en une
aultre province, et pour occasion important grandement au general
de mes allaires, comme chascun le voit assez, je me- repose sur mes
lieutenans generaulx et gouverneurs, qui ont charge aux aultres’pro— .
vinces, pour pourveoir aux affaires qui., siy presentent. Je sçais que
le duc de Lorraine a beaucoup de Forces, que ses desseings sont
grands sur mon dict pays de Champaigne, mais je ne doubte poitnct
i que si vous estes au dict pays pour assembler mes serviteurs, lesquels
en ceste occasion ne fauldront de vous assister, tant poîur l'aH’ection
qu'ils ont à mon service que pour leur interest particulier, vous ne `
peussiés empescher et rompre les desseings du dict duc de Lorraine,
attendant de plus grandes forces pour entreprendre sur luy, comme
jiespere vous’en donner les moyens avant qu’il soit peu de temps :
qui me fait vous prier de vous acheminer en vostre gouvernement,
ou je m’asseure que vostre presence pourra apporter autant d’advan—
cement en mes affaires comme vostre absence y seroit dommageable ;
_ et croyés que, ceste occasion passée, je vous envoyeray des forces
pour vous donner moyen de me servir selon la volonté que je sçay
que vous en avés, et l’auctorité et dignité avec laquelle je desire que
soyés employé pour mon dict service. Mes serviteurs qui J sont en
Champaigne desirent vostre presence, comme trés necessaire pour
assembler la noblesse et forces du dict pays, et je sçais bien que_mes
afiaires, estans conduicts par vostre- prudence, m’apporteront beaue
coup de contentement. J’ay entendu le dilierend qui est entre les s"
d’Inteville et de Chastelles, à quoy je vous prie pourveoir par vostre -
prudence, en sorte que leurs querelles particulieres n’apportent pre- _
judice à mon service, et pourveoir à la seureté de ma ville de Langres,
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LETTRES MISSIVES