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LETTRES MISSIVES

A perdre, etce havre tomber entre les mains de l’Espagnol, a resolu d’envoyer un bon nombre de ses meilleurs vaisseaux, et jusques à i sept mil hommes, ou plus s'il est besoing, pour empescher Yacheve- ment des forts que les dicts Espagnols y font et les en chasser, pour- veu que je y.veuille envoyer mon cousin le duc de Montpensier avec mil ou douze cens chevaulxîdeux mil hommes de pied, oultre les forces qui sont dans le pays, offrant encore aprés cest exploit, qu'elle espere se pouvoir faire en deux mois, d’y entretenir, pour pouvoir poursuivre ]’entiere reduction d’iceluy sous mon obeissance,. autant de force qu’il y en aura de ma part ;. L’advantage qu’il y a pour mon service à ceste proposition me doibt assez mouvoir d’y apporter tout ce qui peut despendre de moy pour l’eH’ectuer ; et quand mesme il n’y auroit si avant qu’il fait du mien, le debvoir et les obligationsque j'ay à la dicte dame meritent bien que je m’ell’orce aussy de faire ce que je puis pour soncontentement ; ce que j'ay en telle aflection que je n’attendrois d'y estre convié,.si _j’avois les moyens de_ moy-mesme, comme je les pourrois avoir si je n'avois allaire que de ce costé—là. ' Mais je me trouve assailly en mesme temps par trois divers endroits avec grandes l’orces,'le roy d'Espagne s’estant obligé à cela par P1`0 messes envers le Pape, pour le tenir tousjours plus bandé à favoriser ses desseings ; et d’utant que, ne pouvant resister assez puissamment partout, il me seroit moins dilhcile de pouvoir couvrir avec le temps ' ce qu’il auroit occupé en la Bretagne, ou il me fait la guerre, que par les forces d’Espagne, dont les embarquemens et passages peuvent ` avoir des incommoditez, que ce qu’il avoit gaigné du costé de Picardie et de mes frontieres d'ltalie, pouvant toujours faire venir en chascun des dicts endroicts des forces d’ltalie, ` d’Espagne, d’Allemagne, de Suisse, et_ de ses Pays-Bas et Franche-Comté, pour y conserver ses conquestes ; pour ces considerations je resolus à faire le plus fort teste ou je voyois le peril plus grand po1u Tadvenir, avec beaucoup de _ regret neantmoins d’estre contrainct me mettre sur une foible defensive en_Bretagne, pour ne pouvoir mieux, puisque je me voyois comme abandonné et hors d’esperance du secours de la dicte dame. i