Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/312

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DE HENRI IV. 293 tation d’une si grande beauté] est une trop Forte tentation à qui en aime et revere le subject, pour preferer le plaisir d’aultruy au sien ; ce que aussy j’e'usse d’autant moins peu permettre, que nul ne pou- vant egualer Yallection avec laquelle je vous honore et sers en mon i HITIC, HUI 811SSy HO POLlVOlIQ` fTl€I’Iil€I` CBSIÃC gI‘2\C@ COITIIDB 1l]Oy. MRIS ji? . laisseray ces excuses, pour la persuasion que je me suis laicte en la ` contemplation de ce que l’art s’est voulu ellorcer de rendre admi- ‘ Le ton de cette lettre est bien dilIé— combienétaitabsoluelopinionolliciellesur rent de la passion des deux précédentes. la question scabreuse dela beauté d’Elisa- [ci, le faible de la vieille reine d’Angle- bethdans ce qu'il racontedes circonstances ` terre est caressé avec des liyperboles que qui amenèrent cette lettre. « Henri IV, dit- ` personne autre qu’elle, et avant tous celui il, demanda un jour à Unton, ambassadeur qui les écrivait, ne pouvait prendre au sé- d'Angleterre, ce qu’il pensait de sa maî- . _ rieux. Onauraitmême peine à comprendre tresse, la belle Gabrielle. Unton lui donna . . que Henri IV eût osé basarder un tel per- des éloges et ajouta : .l'ai le portrait d’une sillage, si Élisabeth elle—même n’avaitléga- maîtresse bien plus parfaite. A ces mots, le_mentpublié ses ambitieuses prétentionsà il. tira le portrait de la reine Élisabeth. la beauté, par la singulière ordonnance de Henri IV regarda ce portrait avec admira- I 1563, que cite l’Art de vérifier les dates, et tion, trouva que lambassadeur avait rai- ' ou il était dit : « Que le désir naturel à tous son, et s'écria : « Je me rends! » Il protesta V ‘ les sujets de tout rang etde toutecondition, qu’il n’avait jamais rien vu de semblable. de posséderle portraitde Sa Majesté, ayant « Cette muette peinture, dit Unton dans engagé nombre de peintres, de graveurs « une lettre à la reine, lit plus d'ell’et sur et autres artistes, à en multiplier les copies, « son esprit et son cœur que n’eussent pu il avait été reconnu qu’aucun jusqu’alors « faire tous mes arguments et toute mon _ n`était parvenu à rendre dans leur exac— « éloquence. » C’est probablementpar suite titude les beautés et les grâces de Sa de cette lettre de Unton qu’elle envoya son Majesté ; ce qui excitait journellement les portrait ai la sœur de Henri ; mais le lloi regrets et les plaintes de ses sujets bien fut averti par lord Sbellield qu'il devait aimés. » La loi portait enfin qu'il serait garder ce portraitpour'lui-même.C’estce i nommé des experts pour juger dela lidé- qu'il lit, et il écrivit à Elisabeth qu’il etait lité des copies ; et il leur était enjoint de persuadé qu’elle` avait eu Yintention de _ n'en tolérer aucune qui conservât « quel- le lui envoyer à lui, et non ai sa sœur, et E ques défauts ou dillormités, dont par la qu’il en avait concu une telle idée de la grace de Dieu, Sa Majesté était exempte. » beauté de la reine, qu’il ne pouvait se sé- Cette lettre prouve que la commission du parer de ce portrait. » (Hist. cZ’/lrtjgletcrre, portrait était parvenue à faire résoudre le li' éd. Londres, 1838, in-8°, p. 320.) problème de cette si belle ressemblance. Lingard place le fait vers 15gli ou 1595. Au reste, le docteur Lingard constate Élisabeth avait alors plus de soixante ans.