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LETTRES MISSIVES
J

tout qui leur pomroit estre ravy par l’ennemy s’il rentroit le plus fort ldans le pays, dont fambition ne leur est pas diminuee. Et le chemin luy en seroit ouvert s’il peut rechasser la igllerre hors son pays, comme la necessite de ceulx qui y sont employez luy donneroit cest `avan- tage, que j’apprehende principalement pour le.mal qui en pourra retomber sur mes dictes provinces, avec un repentir trop tardif d’en _ avoir neglige le remede pendant quîil pouvoit servir. ` Je laisseray ce propos pour respondre à la plainte que vous aves faicte de ce qui vous fut escript touchant le voyage de l’evesque de Mirepois à Rome, et vous diray que vous aves plustost occasion de le prendre en bonne part que de la façon que j'ay veu par vos lettres. Car si j’eusse eu quelque mauvaise opinion de vous sur ce subject, je ne vous en eusse parle ainsy que j'ay faict ; qui a este sur les advis que j'avois eus des actions du dict evesque, et, entre autres, d’avoir accompaigne l’agent de la Ligue en une procession qui se faisoit pour felection d’un roy en France ; et d’autant qu’il disoit avoir este en- voye de vostre part, vous avies interest de sçavoir ses deportemens, pour le reprendre de ce qui ne seroit convenable à son devoir. Tad- jo_usteray encores, pour son regard, qu’il n’est loisible à ceulx de sa qualite de sortir hors du Royaume sans mon conge ; partant, soit qu’il fust envoye de quelqu’un, ou .qu’il ayt faict le voyage_de soy mesme, il ne se peut excuser qu’il n’ayt failly de -l’avoir entreprins sans ma per- mission. Mais cela ne vous touche de rien, et le vous escris seule- mentpour vous esclaircir des raisons que j’ay eues de trouver mauvais . le dict voyage, et encores plus en ce qu’on luy impute ; dont, s’il se _ sent innocent, c° est à luy d'avoir le soing de s’en purger. Et m’asseure que si cela estoit veritable, vous series le premier à condemner une Sl mauvaise action. h Pour conclusion, mon Cousin, je vous prie, une fois pour toutes, demourer asseure que j’ay si ferme creance de vostre fidelite, que rien ne m’en fera jamais doubter, mesmes quand je n’y aurois aultre raison que la jalousie que je sçay que vous aves de conserver fhonneur que vous aves acquis, et qui vous faict tenir rang entre les premiers de ce