Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome5.djvu/617

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592 '_ LETTRES MISSIVES font assez cognoistre 'qu’ils pretendent executer ceste annee quelque entreprinse d’importance, pour laquelle ils ont reserve tous leurs gens de guerre espagnols, et font estat d’en mettre ensemble jusqtfà x ou i x11 mille, sans les ltaliens qui les doibvent accompagner. Cela estant prest fondra bien tost en quelque lieu. (Test pourquoy _j’ay advance mon armement, aflin de ne demeurer à la mercy des dicts Espagnols. 'Aucuns publient qu’ils veulent employer les dictes forces contre le Turc et mesmes tenter derechef llentreprise dl./Xlger. Estant advertis et preparez comme ils sont, je ne puis croire qu'ils donnent là, et `d’autant plus que j’ay este adverty que les galleres du Pape, du grand duc de Toscane ny de Malthe ne sont conviees à l’entreprise, comme indubitablement elles seroient si la dicte armee debvoit aller en Tur- quie : tellement qu’il faut croire qu’ils l'emploieront en la cbrestienté. Or ce ne peut estre qu’en Flandres ou contre mon Royaulme, ou bien i encore en Irlande ; et fault que je vous die que j’ay plusieurs advis et rencontres qui me font soupçonner, voire croire, qu’ils tenteront plus tost la derniere que les aultres, car je sçay que ce jeune roy est fort pique et indigne de falfront que la dicte dame luy a faict recevoir. ll s’en est plaint ouvertement et a juré de s’en venger ; de quoy il fault que vousadvertissies la dicte dame. Mais faictes de façon qu'elle ne pense que ce soit chose inventée pour la divertir de la paix dela- quelle elle est recherchee, car il faut eviter ceste rencontre et plus tost luy celer les dicts advis, que luy donner occasion de croire que je romps la dicte paix. Car elle s’y eschaufferoit davantage, ja çoit qu’elle y soit desjà autant disposée qu’elle peut estre ; et encores que ce soit le plus grand service quevous me puissies faire, de traverser la negociation d’icelle et en retarder la conclusion, neantmoins il ne faut pasyvous inutilement. F aictes que je sois adverty de ce qui en succedera ; car e doibs faire estat, s’ils s’accordent, que i . ces grandes. forces que le dict roy d'Espagne prepare fondront sur moy, et je ne gaigneray peu si, par le retardement de la dicte paix, je puis l’esviter ceste annee. Le president Jannin m’a rapporté tout contentement de la negociation qu’il a faicte en Flandres avec les