Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/14

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2 LETTBES MISSIVES laquelle le s' de Chamvalon m’a apporté et donné sa parole, avec celle du duc de Lorraine son pere, ainsy que je vous ay mande. Par tant, je vous prie estre cause que j’en sois esclaircy au plus tost, affin de respondreau dict cardinal et donner acheminement à l’affaire dont il sagit. Pareillement je desire sçavoir quelle opinion vous avés du pro- grés et succés de la diette imperiale, en laquelle on dict que compa- ` roistra l'arcl1iduc Mathias au delfault de l’Empereur. Par tant, faictes- ‘ moy sçavoir de vos nouvelles ; je vous asseure qu’elles me seront tres D agreables pour l’afl’ection que je vous porte, et la confiance que j'ay prise de vous. _ Au reste, vous seaurés que, ne pouvant me lasser de bien faire _ à ceux mesmes qui se delfient de ma bonté, comme faict à present le duc de Bouillon, j’ay voulu renvoyer vers luy un de mes conseillers, = exprès pour luy remonstrer derechef la faulte qu'il a faicte de me desoheir en refusant de me venir trouver, luy ordonner de ce faire, et luy declarer et signifier, à faulte de ce laire, que je feray proce- deri contre luy par la voie ordinaire de la justice accoustumée en tel cas, suivant toutefois mon edict en faveur de mes subjects fai- sans profession de la religion pretendue reformée. A quoy je desire qu'il obeïsse, aflin de n’estre contrainct dé luy faire esprouver ma juste indignation pour sa desobeîssance et la rigueur des lois et de la jus- tice en pareil cas. Car il faut, pour le bien de mon service et pour ' "mon contentement, que la verite de son accusation soit cogneue en ` justice (la chose estant de telle importance qu’elle est et ayant passé si avant qu’elle a faict), pour les raisons que je suis asseuré que vous jugerés tres bien ; et si telle verification eust peu estre faicte par_ devant les juges de Castres, avec la conservation de mon auctorité et dignité, peut-estre que je m’y feusse accommode, si le duc de Bouillon se feust conduict avec plus de respect à mon commandement, et de ` confiance en ma bienveillance que il n’a faict. Or je desire qu’il recog- noisse sa faulte et qu’il s’amande, sans se tromper en son sien juge- ment, comme il fera s’il continue à suivre le chemin qu'ila esleu, car au lieu de prouver son innocence il agravera son crime et se con-