Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/205

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DE HENRI IV. . 193 ciproquement tout ce qui nous concerne, aussy devons-nous non seu- lement recognoistre, aimer et gratifier de mesme nos bons et loyaux conseillers et serviteurs, mais aussy trouver bon qu’ils reçoivent quel- quefois de nous une espece de gratification pour tesmoignage de leurs merites comme de nostre fraternité et inviolable amitié et parfaite l union et intelligence. Ceux qui recherchent des amys par voye indi- i recte font des presens immenses et en cachette ; ils ont aussy des pen- sionnaires a fins particulieres et secrettes, qui sont ordinairement pre- judiciahles aux princes desquels ils subornent ainsy les serviteurs. Le bien du dict roy mon frere est le mien, faffectionne sa prosperité comme la mienne, et ne peut avoir mal que je ne m’en ressente, car son affoihlissement est le mien ; et cela sera reciproque entre nous, et — durera tant que nous aurons un voisin duquel la grandeur et puissance, non moins que sa convoitise irreguliere, nous sera suspecte, comme nous cloibt estre celle de la maison d’Austriche, laquelle est aussy formidable à cause des inventions et moyens qu’elle employe pour corrompre les hommes, que à cause de l’estendue des Àestats et ri- ` chesses qu’elle possede. Priés-le donc qu’il ayt agreable que les siens reçoivent de moy ces arrhes de ma bonne volonté, qui leur sera confirmée par effects plus favorables et relevez, quand je cognoistray que mon dict frere y prendra plaisir. Enfin vous ferés tant que mon dict frere approuve la distribution et acception des dictes gratifica- tions. I A Et pour le regard du present que la Royne ma femme envoye a la sienne, vous luy dirés que la jalousie que celle—là a eue de faffection qu’elle cognoist que je porte à la dicte royne l’a meu de faire passer la mer au pourtraict qu’elle luy envoye, accompagné du vœu inviolable _de son amitié, affin que, s’il advient que je face quelque jour le ` mesme chemin, comme elle scait que j'en ay le desir, je les rencontre ensemble ; si bien qu’en faisant foffice de chevalier, tel que je me _ devoue à l’une, je n’oublie. du tout celuy de mary que je doibs à l’autre. Parainsy, _s'il plaist au dict roy de favoriser le dessein de ma femme, il fobligera doublement, tant elle desire d’un costé que LETTRES DE HENRI lV *vI. 25