220 LETTRES MIISSIVES 'promptement et avec le moins de ceremonie qui se pourra ; comme à la verité la cause qu’ils pre_sument avoir du mescontentement l’un de l’autre estant plustost sur des coniectures et impressions que l'on leur donne que sur chose d’aucune substance, elle ne meriteroit pas qu’autres que eux—mesmes sien entremissent. Toutesfois, pour ce qu’il pourroit estre que, combien que cliascun y apportast bonne disposi- tion, que la conclusion de leur reconciliation languiroit sur les formes que chacun voudroit prendre à son advantage, j’ay estimé, pendanti que vous estiés par delà, que nul ne pourroit estre plus propre à s’y entremettre que vous. Clest pourquay je vous prie de vous retourner à Bordeaux au mesme temps que mon cousin le duc d’Espernon y doibt retourner, et de considerer en quelle opinion ils seront et Fun et l’autre, si tant est que vous cognoissiés que d’eux-mesmes ils ne se voulussent resoudre à s’entrevoir, et qu’ils en demeurassent Sur les poinctilles et Formalitez ; en ce cas vous y interveniés de ma part pour leur dire que c’est chose que je veux et leurgordonne de faire, et en conveniés avec eux de la forme le plus doucement et simplement que faire se pourra. Je vous envoye la copie des lettres que je leur en ay particulierement escriptes, et qui vous serviront d’instruction plus ample que celle que vous pourries sur ce desirer. Si cela recevoit quelques plus grandes diflicultez, vous vous aideriés de Yassistance du premier president, qui s’y employera volontiers ; mais le moins de bruit qui s’en pourra faire sera le meilleur ; et espere que vous y aurés aussy bonne main que vous en viendrés aisement à bout. Je n’ay d'icy aultres nouvelles à vous dire, sinon la continuation de ma sante et bonne disposition, estant sur le point de partir pour aller à Fontainebleau, ou e demeureray pour le moins tout le mois prochain. Sur ce, je prie Dieu, Mons' de la Force, qu'il vous ayt en sa saincte et digne garde. Escript à Paris, le xxvf jour de mars 16oli._ HENRY. _ronc¤r.
