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LETTRES MISSIVES


pour le crime dont il estoit defere que pour ce qu’il faisoit tous les jours, dedans et dehors mon Royaume, contre mon service, allin de le disposer à se justifier et les amender, comme il estoit tenu de Faire. De quoy "voyant qu’il ne me rapportoit que des paroles, ce pendant que le dict duc continuoit sous main àmechercher les moyens de s’advantager contre mon service, je tis entendre au dict s" de Montluet qu’il devoit s'abstenir depoursuivre davantage cette praticque en laquelle le dict duc abusoit evidemment de sa credulite et facilite, d’autant que ses actions estoient toutes contraires à ses paroles. A quoy le dict s' de Montluet s’estant conforme, je n’en ay pas ouy parler depuis. Juges si ceste procedure merite ^que l'on impose la susdicte ca- lomnie. En verite, telles impostures sont insupportables, et doibvent estre de mauvaise odeur à l’endroict de gens de bien qui font pro- fession de craindre Dieu et aimer la verite. Mais j’en suis à present ' si rebattu, que clest ce qui, à bon droict, me rend si retenu et cir- conspect en ce qui concerne le dict duc de Bouillon. Toutesfois le dict Widemarkre vous aura represente ce que je luy auray dict, vous priant de croire et faire croire à tous nos amys que je donneray tousjours par mes actions toute occasion raisonable à mes subjects de la religion pretendue relormee de se louer de ma protection et bonne volonte, autant que j’ay jamais laict, et à mes bons voisins et alliez de la mesme profession, de faire le semblable, comme les uns et les autres esprouveront en toutes choses. Quoiqu'on die chose con- traire à cela, n’y adjoustes foy, et vous croirés et dellendres, en ce faisant, la verite contre les mensonges. Au demeurant, les Anglois ont este bien receus, traictez et gra- tiliez en Espagne, leur ayant esté faict de grands et riches presens ; _ et si plusieurs dieux, et principalement l’admiral, en ont rapporté de bonnes et grosses pensions, toutesfois, je n’estime pas que l’on doibve pour cela doubter de la bonne foy et volonte de leur roy envers ses bons et anciens alliez et confederez ; aussy m’en faict-il ' donner journellement des asseurances plus grandes que jamais. Il n’y