Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/609

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DE HENRI IV. 593 mine tout à faict ; car le dict duc persiste à vouloir que je me fie du tout en luy, que je luy pardonne toutes ses faultes et le restablisse aux I dignitez, charges, biens et gratifications dont il a jouy jusques à son esloignement, et toutesfois il refuse de me lier seulement la garde de la dicte place de Sedan, que je luy demande pour gaige de sa foy, de laquelle il m'a donné subject, par ses deportemens et manquemens trop reîterez, de ne pouvoir estre asseuré que par ce seul moyen. Et comme Dieu m’a jusqujà present favorisé en toutes mes entreprises, . pour estre fondées sur le pied de la justice, j'esp_ere aussy qu’il me continuera sa divine protection et assistance en ceste—cy, qui est aussy ‘ juste que nulle des autres. — Et d’autant que j’ay esté adverty que l'on propose de vous rendre pleige et caution avec d’autres princes d'Allemaigne, envers moy, de la fidelité et parole du dict duc, j’ay bien voulu vous_prier, par pre- vention, de n’engager vostre nom en ceste action, et d’en dissuader _ les aultres qui ont deliberé de nfen faire la proposition ; car il seroit mal seant et peu honorable à ma dignité d’accepter pour un mien subject, oilicier de ma Couronne et de ma maison, des plus qualifiez i en l’une et en l’aultre, une garantie et caution estrangere, mesmement composée de mes alliez et amys, parce que, d’un costé, ce seroit signe dirnpuissance de ma part, dont l’exemple seroit tres pernicieux ; et dailleurs, ce seroit m’assubjectir avec mes dicts `amys et alliez à des _ evenemens contraires a la bonne amitié et voisinance que je desire entretenir avec eux, advenant que le dict duc, suivant sa coustume, manquast cy—aprés à ses promesses, chose que je desire de tout mon possible pouvoir eviter : ce qui adviendroit si le dict duc de Bouillon ` pouvoit se resouldre de me Her sa place, comme il me dit qu’il veut faire sa personne et sa vie, suivantles conditions de llancienne protec- tion à laquelle les seigneurs d’icelle se sont obligez envers les Roys mes predecesseurs, et du benelice desquelles le dict duc a jouy tant qu’il est demeuré en son debvoir envers moy. Car je ne manquerois point à tout ce que je luy promettrois ; davantage il ne seroit faict au- cun prejudice à la souveraineté qu’il pretend, ny à tous les biens qui LETTRES DE HENRI IV. ——VI `