tranquillité de sa patrie ny estimé la sage remonstrance et amiable
priere que vous luy avés faicte en mon nom. Car tout ce qu’il vous a
dict des intentions du Pape, de sou ambition insupportable, des belles
parolles avec lesquelles il entend tromper un Senat qui est bien aussy
fin à Tentendre et descouvrir, comme luy à se feindre et dissimuler,
avec les reproches de sa conduictc en leur endroict par l’exemple de
ses predecesseurs, et les autres propos qu’il vous a tenus à la suite
de cela, a esté par luy allegué et représenté hors de temps et avec
plus de passion que de discretion et utilité. Car quand tout ce qu’il a
voulu vous dire du Pape seroit veritable, estoit—il besoing de le recapitu—
ler sur la proposition que vous luy avés faicte de ma part, par laquelle
vous luy avés seulement demandé, au cas que je puisse obtenir du
Pape la suspension de ces censures, ce que la Republique voudroit
faire de son costé, pour le contentement de Sa Saincteté et pour me
. tesmoigner et à tous les princes chrestiens, qu’il ne tiendra jamais à
la dicte Republique que ceste affaire ne soit traictée avec toute doul-
ceur et respect convenable entre le pere et les enfans? Pourriés-vous
leur parler plus respectueusement et equaniment, pour les acheminer
à se mettre enquelque debvoir de correspondre par leur prudence à '
l’ali’ection et sincere intention de laquelle je suis conduictil Quelle
raison a ce prince d’attribuer à ambition la declaration que vous luy
avés laicte de la volonté que le Pape protestoit n’avoir jamais eue de
blesser l'auctorité de la Republique, et qu’au contraire Sa Saincteté
seroit preste plustost à l'accroistre et augmenter de tout ce qui dep-
pend diêllêl) Veritablement, il me semble qu’il eust peu respondre
avec plus de moderation et retenue, tant pour le respect qu’il con-
vient et declare vouloir porter à la dignité pontilicale que pour ma
consideration et pour l’interest que la Republique a de sortir de llem-
barrassement ou elle se trouve, et, en tous cas, justifier devant Dieu
et les hommes son proceder en ceste occasion. Car il faut qulelle
' croie que leur cause ne sera favorisée des autres princes et potentats
chrestiens, sinon autant qu’elle sera estimée juste, non-seulement au
fonds, mais aussy au progres et en la conduicte d’icelle, et d’autant
Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/656
Cette page n’a pas encore été corrigée
6liO
LETTRES MISSIVES