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LETTRES MISSIVES


infames et malheureux. Et comme j’ay sur cela pressé le dict don Pedro de me declarer de quels mariages il entendoit parler, il m’a dit avec protestation qu’il n’avoit charge d’en proposer aucun ; et toutesfois le dict s' de Barrault m’a escript le contraire, et Sa Sainc- teté sçait ce qu’ils luy en ont faict dire. Et comme il s’est passé plu- sieurs et divers propos sur ce subject entre moy et le dict don Pedro sans aucune discussion, je luy ay dict enfin qu’il me haillast par escript sa proposition et que j’y respondray de mesme ; de quoy il a demandé temps de se resouldre. Depuis, ayant este visité par le nonce de Sa Saincteté, et s’estant ° passé plusieurs discours entre eux, tant sur la dicte proposition que sur ma response, laquelle luy a esté mieux expliquée par le dit nonce, j’ay appris de luy qu’il s’est rendu plus capable des raisons de la dicte _ assistance que j’ay donnée aux dicts Estats, et des causes qui m’ont meu de faire avec eux ce dernier traicté, et de la verité des ouvertures des dicts mariages, que devant, pour en informer son maistre, comme je m'asseure que Sa Saincteté le fera pleinement et veritablement par le dict nonce, lequel a faict en ceste occasion le devoir d’un vray mi- nistre du pere commun de la Chrestienté, tel qu’est Sa Saincteté, ainsy que vous luy dires. _ Or les choses tombent là, que les dicts Espagnols voudroient que des à present fabandonnasse du tout les dictes Provinces-Unies aux armes de leur roy et des dicts archiducs, pour gagner et meriter les dicts mariages, comme ils affirment que Sa Saincteté leur a proposé, donnant à entendre qu'en ce faisant ils traicteroient trois mariages ensemble : à sçavoir celuy de leur prince avec ma fille aisnée, de mon fils le Dauphin avec l’une de leurs filles (ils ne disent pas leur aisnée), et celuy de leur second fils avec ma seconde fille, à condition cestuy- cy d’investir les _dicts mariez des Pays-Bas aprés la mort des archi- ducs sans enfans, et par ce moyen les separer et desunir pour tous- jours de la couronne d’Espagne ; ce qu’ils disent que je dois affectionner et desirer le plus, comme un moyen propre pour faire cesser les mefiances qu’ils presupposent que i’ay de la grandeur et puissance