Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/860

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DE HENRI IV. 8Ã13 muler. Il est donc necessaire que vous cheminiés fort circonspect et i considere en ce que vous traicterés avec eux ; car indubitablement ils I - vous rencheriront sur l’occasion du dict prince, pour ne degenerer de leurs ancestres, lesquels ont voulu tousjours profiter des necessitez de la France. Neantmoins je ne dois point laisser imparfaicte la pour-' suicte que j’ay commencée, puisque jlay passé si avant que de vous envoyer par delà pour ceste allaire. Nous avons donc à traicter avec eux deux chefs, sçavoir le renou- 1 vellement de nos anciens traictez et la ligue deliensive. Je veux esperer qu’ils entreront volontiers au premier, car ils y ont autant, voire plus d’interest que moy, a cause de la commodité du prollict que leurs subjects tirent de leur commerce en 1non Royaume. Commencés donc par ce poinct, et voyés s’il y aura subject d’esperer de les engager a faire entendre aprés a Yautre, par quels moyens on devra y entrer, et quels advantages nous en tirerons ; car, à vous dire la verité, je me il defie assez de la constance et fermeté de leur foy, principalement s’il faut que je rompe avec l’Espagne. Cest pourquoy je fais grande dilï ficulté, en ce cas, de m’obliger de payer leurs dictes debtes, ayant opinion que mon argent me sera plus necessaire ailleurs, qu’il ne ` nfapportera d’utilité et de prolbct le donnant aux Anglois. Je crain- drois, bien plus, qu’ils seront pour prendre l’alIirmative en faveur de mon ennemy,, s’ils voyent mes armes prosperer contre eux, quelque 9 traicté qu’ils eussent laict avec moy, ainsy que vous sçavés que ceste nation en a tousjours usé. D’ailleurs je cognois bien que ce me seroit ` un advantage de non petite importance si, je pouvois, en ceste occa-- sion, engager le dict roy en la dicte ligue, quand ce ne seroit que pour V la reputation que nostre conjonction donneroit à nos desseins ; mais, à vous dire le vray, je fais grande difficulté d’acheter cet advantage à prix d'argent, mesmes pendant qu’à tout bon et loyal compte ils me doivent de reste, à cause de ce que j’ay fourny aux Estats, sui- U ` vant le traicté faict par le duc de Sully avec eux, duquel je soutiens qu’ils nlont pas peu se departir tant que la guerre des dicts Estats a duré, ‘ quoy qu’ils alleguent au contraire. De plus, ils peuvent verifier comme 106.