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DOUBLE RÉFRACTION

premier Mémoire sur la double réfraction[1], il parvint à se rendre compte de la marche de la lumière dans les biaxes.

Ayant vérifié, par de nombreuses expériences, la conception qu’il s’était faite du phénomène de la double réfraction, Fresnel en rechercha l’explication mécanique. Il y parvint, grâce à deux hypothèses fondamentales. Nous verrons plus loin quelles sont ces hypothèses, et comment une analyse rigoureuse permet d’en déduire les véritables lois de la double réfraction. Mais d’abord nous rappellerons succinctement quelle a été la marche des idées de Fresnel, en renvoyant pour les détails aux œuvres complètes du grand physicien.

150. Explication mécanique de la double réfraction. — Si on imprime à une molécule d’un milieu élastique, des déplacements égaux dans toutes les directions, chacun d’eux donne naissance à une force élastique inversement proportionnelle à la racine carrée du rayon vecteur, dirigé suivant le déplacement, d’un certain ellipsoïde, et parallèle à la normale à l’ellipsoïde à l’extrémité de ce rayon vecteur. C’est cet ellipsoïde qu’on appelle ellipsoïde inverse d’élasticité, et souvent aussi ellipsoïde d’élasticité. Les axes de cet ellipsoïde sont donc tels qu’à un déplacement dirigé suivant l’un d’eux correspond une force élastique de même direction et de sens inverse ; ce sont les axes d’élasticité du milieu.

L’intersection de l’ellipsoïde d’élasticité par un plan sera une ellipse que nous désignerons par un déplacement suivant un des axes de cette ellipse donnera naissance à une force élastique qui, en général, ne sera pas dans le plan de l’ellipse mais dont la projection sur ce plan sera dirigée

  1. Œuvres complètes de Fresnel, t. II, p. 261.