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histoire

gner et à prêcher la parole de Dieu. On lui offrit plusieurs bénéfices, qu’il refusa. Tout ce qu’il recevait, il le distribuait aux pauvres ; à peine se réservait-il le nécessaire. Le pape le chargea de prècher une croisade contre les Sarrasins. Il s’en acquitta avec beaucoup de zèle. Ses discours étaient si touchans, et il possédait si bien l’éloquence du cœur, qu’il convertissait les pécheurs les plus endurcis. Il forma plusieurs personnes au grand art de la prière car il passait pour un grand maître dans les voies intérieures. Il voulait qu’on joignît à la prière l’humilité et la mortification. Il insistait surtout pour la prière du cœur. J’aimerais mieux, disait-il, ne dire que cinq mots du fond du cœur et avec dévotion que d’en dire cinq mille avec froideur et indifférence.

Le peuple le désignait pour remplir le siège de Cantorbéry, lorsque le chapitre l’élut d’une voix unanime. Le roi Henri III donna aussitôt son consentement. Edme ne voulait point accepter ; enfin, on vainquit sa résistance. Il fut sacré le 2 avril 1234. Cette dignité ne lui fit rien retrancher de son premier genre de vie. Il ne s’occupait que des besoins spirituels et corporels de son troupeau. Il déclara, surtout au vice, une guerre d’autant plus vive, qu’il avait plus de moyens de le poursuivre ; mais la corruption était si grande, que son zèle lui suscita des ennemis jusque parmi les membres de son clergé. Dans cette position difficile, il aima mieux être persécuté que d’approuver ou de tolérer des abus qui auraient exposé son salut éternel et celui des âmes confiées à ses soins. Ces persécutions devinrent pour