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histoire

ou des prévenus chez soi ; mais ils doivent prêter main forte au prévôt, s’il le requiert.

Toutes les fois que l’abbaye enverra un nouveau prévôt ou un sergent, il fera serment de garder ces franchises, et s’il arrivait (la quelle chose, se Dieu plaist, n’adviendra jà), que l’abbé et les religieux voulussent revenir sur leurs concessions, les habitans pourront les citer par devant nostre très-chier seigneur le roy de France, pour les forcer à tenir leur engagement.

Enfin, l’abbé et les religieux déclarent, qu’ils veulent que leur terre de Montigny ne soit jamais aliénée des biens de leur monastère. L’abbé de Pontigny et celui de Cîteaux, supérieur général de l’ordre, apposèrent leur sceau à cette charte.

Le comte d’Auxerre, qui avait aussi des serfs à Montigny, souscrivit prudemment à la charte de l’abbaye de Pontigny et étendit les mêmes immunités sur tous ses serfs de Montigny.

On peut remarquer que toute cette charte est à l’avantage des habitans ; elle diffère essentiellement de celles que la plupart des seigneurs accordaient à leurs serfs. Ceux-ci, dans un pressant besoin d’argent, vendaient la liberté moyennant un prix très-élevé, en sorte que ces droits naturels, inhérents à l’humanité, l’homme les arrachait par la force des événemens. Les religieux, avec cette loyauté qui caractérise la charité chrétienne, donnent gratuitement une liberté pleine et entière. Les lois positives qu’ils établissent, remplacent autant de lois barbares ou oppressives, qu’ils abolissent en même temps. Ainsi, au quatorzième siècle, la commune de Mon-