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ordinairement dans un charriot d’enfant jusque dans les villages et les hameaux voisins ; dès qu’il paraissait, hommes, femmes, enfans, tous accouraient pour le saluer. Il leur donnait sa bénédiction, fouillait dans sa poche, et leur disait en pleurant : Ils m’ont pris ma bourse ! Ce trait montre la vénération que l’on avait pour les abbés lorsqu’ils paraissaient dans les campagnes.


JACQUES-GABRIEL GRILLOT.

T. i, p. 53.Jacques Grillot naquit à Chablis. Il était docteur de Paris, religieux de Pontigny ; il fut prieur de Dalon, ensuite de Châlis et de Pontigny. Il jouit d’une grande considération dans l’Ordre et dans le monde. On lui reproche, dans le gouvernement intérieur de l’abbaye, d’avoir commandé en maître, lorsqu’il pouvait être obéi, chéri et respecté comme un père. Toujours sage et prudent dans ses rapports avec le monde, il était minutieux dans le cloître, reprenant, blâmant sans cesse, plaisantant même des mortifications qu’il faisait éprouver à tous, sans distinction, au risque de compromettre son autorité.

Comme si un pressentiment moral eût été renfermé dans une ruine matérielle, on remarqua, à cette époque, que les bâtimens des anciens monastères s’écroulaient à la fois dans toute l’Europe. Comme ils dataient la plupart du même temps, la même vétusté les détruisait presque tous à la fois. Ce fut une nécessité pour les pères des diverses maisons de rebâtir leur habitation. Vers 1750, l’abbé Gril-