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histoire.

expliqués, l’esprit de vérité s’insinua avec les paroles de Bernard. La conversation changea de face : ils se promirent de se donner à Dieu ensemble et d’être plus unis qu’ils n’avaient été dans le monde. Peu de jours après, Bernard apprit que de mauvais amis avaient détourné Hugues de sa résolution ; il alla le chercher lui-même, le persuada de nouveau et l’emmena avec lui. Telle fut la conversion de Hugues de Maçon ; il prit les sentimens de son ami Bernard, il devint actif, patient, ferme dans ses démarches : il était doué des vertus qui forment les hommes apostoliques, et digne, en un mot, d’être le fondateur de l’abbaye de Pontigny. Ses religieux devinrent des saints. Leur nombre croissant de jours en jours, le peu de terrain que lui avait donné Hildebert, ne pouvait plus suffire à tant de personnes que la Providence lui envoyait. C’est pourquoi les religieux se virent plusieurs fois réduits, comme ceux de Clairvaux, à une extrême pauvreté. Le saint abbé, peu touché de ces incommodités, ne songeait qu’à gagner des âmes. Cependant il s’adressa à Guillaume, comte d’Auxerre, et à quelques seigneurs du voisinage, qui fournirent abondamment aux besoins des frères.

Cart. de Pont., t. ii, p. 8

On remarque parmi ces premiers bienfaiteurs une veuve puissante et riche, nommée Gilla, avec ses deux filles Berthe et Isteberthe : elles donnèrent une terre au-delà de la rivière et un usage dans la forêt qui était auprès. Jean Dumoulin et Osile, son épouse, donnèrent ce qu’ils possédaient à Pontigny depuis le ruisseau de Seneçon ou de Buchin, jusqu’au sentier qui conduit de Sainte-Porcaire à