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histoire

les bâtimens avec sa magnificence accoutumée. C’est une des plus considérables abbayes qui aient embrassé la réforme de 1666. Elle avait encore quatorze religieux en 1788. Dans sa bibliothèque, on comptait plus de cent manuscrits très-bien conservés, la plupart de saint Ambroise, de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Bernard et de Hugues de Saint-Victor. On y voyait aussi une vie de saint François écrite par un religieux qui l’avait connu et qui vivait avant saint Bonaventure, auteur de celle qui est imprimée. L’église était belle. Le tombeau de Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges, se trouvait devant le grand autel. Le premier abbé fut Gaultier. Ses revenus étaient de trente mille livres.


Pontaut, de Ponte alto, dans l’ancien diocèse d’Aire, à quatre lieues de cette ville trois de Saint-Sever, et cinq de Pau, est une fille de Jouy, fondée et dotée par les rois de Navarre. Les religieux y entrèrent le 6 mai 1133. La maison était si grande, que les rois de Navarre, avec toute leur cour, et les seigneurs du voisinage, y logèrent plusieurs fois, sans déranger les religieux.

Jeanne d’Albret, reine de Navarre et mère de Henri IV, ayant abandonné la foi catholique pour embrasser la secte des Calvinistes, déclara une guerre cruelle aux ecclésiastiques et aux religieux, en haine du pape. Elle commença par l’abbaye de Pontaut, qui était aux portes de sa capitale. Une troupe de fanatiques, qu’elle envoya dans cette maison, massacrèrent tous les religieux qui leur tombèrent sous la main, la pillèrent et y mirent le feu. Leur fureur