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de l’abbaye de pontigny.

La faiblesse des lois lait telle que si un père faisait un don à une église ou à un monastère, son fils, son petit-fils ou tout autre héritier, reprenait impunément ce don. C’est pourquoi on faisait ratifier les donations par le pape par le roi, par les évêques ou par les plus puissans seigneurs de la contrée. Les donateurs mêmes en appelaient à l’épée des chevaliers voisins pour maintenir leurs dernières volontés, ou bien ils invoquaient sur eux les malédictions du ciel. Hist. de l'ab. de
Cluny, p. 29.
« Par Dieu, en Dieu et tous ses saints, disait Guillaume, fondateur de l’abbaye de Cluny, et sous la menace redoutable du jugement dernier, je prie, je supplie que ni prince séculier, ni comte, ni évêque, n’envahisse les possessions que je donne aux serviteurs de Dieu. » Guillaume III, comte d’Auxerre, ayant fait une donation importante T. ii, p. 348. à l’abbaye de Pontigny, en 1156, et craignant qu’après sa mort on ne renversât ses intentions, pria l’évêque d’Auxerre d’apposer le sceau de ses armes à côté du sien, sur l’acte de donation et il prie ses successeurs de maintenir la bonne œuvre qu’il a faite, contre toutes les attaques de l’ambition ou de la mauvaise foi. Je veux, dit-il, que ce don passe à la postérité dans toute son intégrité ; si quelqu’un voulait l’enlever aux moines, moi-même, ou mes héritiers après moi, nous prendrons leur défense et nous le leur conserverons envers et contre tous les ravisseurs de bien d’autrui. Toutes ces précautions indiquent le peu de fond qu’il y avait à faire sur la bonne foi publique.

T. iii, p. 57.Voici un exemple de ces spoliations si communes alors : En 1139, le chevalier Gaufride de Bouilly