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histoire.

fense contre leurs ennemis, afin qu’avec votre appui ils puissent au moins respirer, au milieu des angoisses et des tribulations auxquelles ils sont en proie. C’est pourquoi nous vous enjoignons sérieusement à tous, par nos lettres apostoliques, et en vertu de l’obéissance que vous nous devez, de rechercher ceux qui auraient frappé quelqu’un des frères, ou qui se seraient emparés, par violence, de leurs biens, de leurs fermes, de leurs serfs ; qui retiendraient injustement ce qui leur aurait été légué par testament, ou qui exigeraient des dîmes de leurs travaux au mépris de nos lettres apostoliques. Si ces malfaiteurs sont laïques, allumez les cierges et excommuniez-les avec leurs fauteurs ; s’ils sont clercs, chanoines ou moines, qu’ils soient suspendus de leurs fonctions, privés de leurs bénéfices, et qu’ils ne puissent en appeler nulle part. Ne retirez pas votre sentence avant qu’on ait fait aux frères une satisfaction pleine et entière. Quant à ceux qui auraient maltraité les frères, l’excommunication ne pourra être levée que lorsqu’ils seront venus eux-mêmes se présenter à Rome, avec des lettres favorables de leur évêque diocésain. Vous frapperez aussi d’interdit les fermes dont les biens et les serfs sont détenus injustement, et dont les déprédateurs font cause commune avec des frères fugitifs, qui sont des moines ou des frères convers. Ceux qui occupent ces fermes ne seront déliés de l’interdit qu’autant qu’ils se seront séparés des malfaiteurs, en les chassant de leur habitation ».

Cet exposé nous donne une idée de l’anarchie qui régnait dans nos pays sur la fin du douzième siècle