Page:Henry - Le Père Lachaise historique, monumental et biographique.djvu/83

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d’Arras après la dissolution de son ordre. Élu à l’assemblée de 1791, il rédigea la fameuse constitution de l’an III, qui vécut ce que vivent les roses. En 1792 il ne voulut pas se couvrir du sang de Louis XVI, qu’il jugeait coupable : il s’arrêta devant cette redoutable question qui fait hésiter l’histoire et trembler l’humanité. Incarcéré par suite de son vote, il fut sauvé par la chute de Robespierre, et devint en 1795 président de cette assemblée de sombre et puissante mémoire, qui se reposait comme le vieux Saturne après avoir dévoré ses enfants. Il alla ensuite à Rome organiser la nouvelle république italienne, et en revint pour présider le conseil des Cinq-Cents, où il avait été envoyé par vingt-sept départements. La république qui lui convenait n’était pas le triomphe d’une plèbe ignorante sur le génie du reste de la nation ; c’était la répartition équitable de tous les droits entre toutes les classes. Il vit avec douleur le 18 brumaire, qui sauvait un jour en perdant un siècle, n’approuva pas cette humiliante tutelle qui enchaînait la nation sous prétexte de la guider, et quitta la vie politique pour la présidence de l’Institut. Il a laissé une Histoire des progrès de l’esprit humain ; mais son plus beau titre l’immortalité est d’avoir proposé la création de l’Institut.

En face du monument de Foy, on voit le sarcophage en marbre blanc de M. DEVAUX, ancien député du Cher et conseiller d’État (330).

On voit encore en face du monument de Foy (sur le sentier de Benjamin Constant) le tombeau du célèbre ami de Mme Récamier, du grand orateur de l’opposition libérale, de Benjamin CONSTANT, enfin. Ce monument se composa d’une petite pierre portant une inscription presque effacée déjà (255).

Benjamin CONSTANT, ami de Lafayette, vota au tribunal pour la liberté de la presse, et cette indépendance le rendit odieux à Bonaparte, qui l’exila en Allemagne, d’où il revint en 1814. En apprenant le débarquement de Napoléon en 1815, il emprunta à l’antiquité ses accents les plus tragiques pour élever la réprobation contre l’usurpateur à la hauteur de l’histoire et du péril public ; il parla alors de mourir sur