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son banc de député ; mais, entre la conviction qui s’exalte pour un principe et l’action qui l’accomplit, il y a toujours place pour un peu d’égoïsme. Malgré sa protestation toute romaine, Benjamin Constant se laissa nommer conseiller d’État par Napoléon. Il essaya alors ce tour de force impossible du lier le grand homme par une constitution, et composa avec lui le fameux Acte additionnel de 1815, où le despotisme le mieux conditionné se déguisait sous des apparences pompeuses. Après Waterloo et jusqu’à la fin de sa carrière, Benjamin Constant se montra un des plus zélés défenseurs des libertés publiques ; en 1830 il fut un instant président du conseil d’État.

L’amour, ce sentiment qui scelle les fiançailles de la terre et des deux, enchaîna Benjamin Constant à la célèbre et gracieuse madame Récamier. Inspiré par le génie de cette femme et par celui de madame de Staël, il a composé de nombreux écrits politiques qui resteront commodes modèles d’éloquence.

À côté du tombeau de Benjamin Constant se trouve celui du journaliste DULONG (253).

DULONG n’était pas de ces littérateurs éhontés qui trempent chaque matin leur plume dans le sang des victimes pour écrire des libelles en l’honneur des bourreaux. Homme de conviction avant tout, il ne fit jamais de son talent métier et marchandise ; merveilleusement doué pour les vives manœuvres de la polémique, il imprimait à ses productions le cachet de son imagination ardente et originale. Il fut tué eu duel par le maréchal Bugeaud, dont il avait discuté sans ménagement les actes et le caractère.

Dulong quoique brillant écrivain n’a laissé qu’un nom et point d’œuvres ; le journal fait grand bruit, mais c’est le bruit du jour ; le soir l’éteint, et la nuit l’emporte.

Retournons d’ici sur nos pas, et prenons à droite le sentier de Ney, qui fait suite à celui de Foy.

Derrière une croix de pierre que nous rencontrons à gauche, au centre de la sépulture Héricart de Thury, on voit du sentier le tombeau du général SOULÈS, ancien commandant de la garde consulaire