Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/114

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Les faits de la vie du Buddha se répartissent, de leur côté, en deux catégories : — ce sont fort souvent d’anciens mythes, des prodiges de folklore, à peine déguisés, mais portés à la dernière puissance par cette verve d’exagération qui caractérise le bouddhisme ; et alors ils ne nous intéressent guère, car le Véda nous en a dit assez sur le mythe hindou, et nous le retrouverons dans les épopées ; ou bien ce sont des faits historiques ou semi-historiques, des récits assez lestement tournés, sinon de ce que le Buddha a dit ou fait, au moins de ce qu’il aurait pu vraisemblablement dire ou faire en telle ou telle occurrence. Il va sans dire qu’il a toujours le rôle triomphant : d’un mot il met un adversaire à quia; il résout les questions qui embarrassent les dieux ; un éléphant sauvage qu’on a làchè sur lui dans une venelle étroite s’arrête sous la seule influence de « sa pensée amie ». Mais c’est surtout contre Màra le Malin que s’exerce sa puissance: le récit de sa tentation est bien curieux et d’une originalité dont n’approchent pas celles de l’Évangile.

En ce temps-là, Màra le Malin s’approcha de moi. S’approchant de moi, il se plaça à mon côté. Debout à mon côté, ô Ânanda, Màra le Malin me parla ainsi: «Entre à présent dans le Nirvana, ô Bienheureux; entre dans le Nirvana, ô Parfait: voici donc maintenant venu pour le Bienheureux le temps du Nirvana "...

Màra sait bien ce qu’il fait. Rien des biens tem-