Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J22 LES LITTERATURES DE L'INDE

savaient bien Brahmâ étail le dieu unique, donl les autres n'étaient que des figures. Lors donc qu'à partir du XII e siècle de notre ère les conquérants musulmans, rigides monothéistes, commencèrent à s'enquérir des croyances dé leurs sujet-, trop nom- breux pour qu'ils pussent espérer les convertir en masse, ils ne se trouvèrent, en fait, point trop

dépaysés dans ce nouveau milieu. Les idoles

bizarres, qui durenl de prime saut leur faire horreur et pitié, s'évanouissaient, ombres falotes, dan- l'exégèse ésotérique des savants hommes qui les prêchaient au peuple sans y croire autrement que comme symboles ; et, au dessus de ce chaos de mythe- surannés, planait un Dieu unique, confondu -ans doute avec le Grand Tout, mais encore assez personnel d'allures métaphoriques pour que se reconnût en lui le Dieu des « vrais croyants ».

De larges et nobles esprits collaborèrent à ce syn- crétisme nouveau. Au XVI e siècle, l'empereur Akbar, de la dynastie mogole 1556-1605), s'entoure d'imans, de parsis, de brahmanes, de juifs et de jé- suites portugais missionnaires, et, sans s'affiliera aucune de ces communions, il donne sa sympathie à toutes. Ainsi s'effacent peu à peu, pour l'élite, les divergences qui les séparent, et se dégage le fond qui leur est commun.

L'empire croule ; le^ musulmans cessent d'être dominateurs, ils sont réduits au rang de minorité religieuse impuissante, et la religion indigène

�� �