Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

180 i i S LITTERATURES DE L'INDE

sa tresse défaite, l'urne renversée: percé d'une flèche, Bouille de fange el de Bang, levant les yeux sur moi qui tremblais affolé, il me dit, • dures paroles, qui me brûlèrent comme la flamme: — « Que t'ai-je fait, 6 prince, dans le désert où je vivais? Je puisais de l'eau, pour mes vieux parents, lorsque tu m'as frappé : le trait donl je meurs tuera aussi deux vieillards, mon père et ma mère aveugles, qui m'attendaienl pour se désaltérer; longtemps ils m'attendront dans les affres de la soif! N'est-il pas d'autre fruit pour l'ascétisme et la science sainie'.' Mon père ignore que je gis cloué au sol ; mais, L'apprit-il, qu'y pourrait-il faire, lui qui ne saurait marcher, aussi impuissant qu'un arbre à secourir son voisin abattu '.' Va le trouver. A Râghava, et informe-le, de peur que sa colère ne te consume comme le l'eu dévore la brousse. Voici, ù prince, l'unique sentier qui mène à sa retraite. Va et apaise-le. aiin que dans sa fureur il ne te maudisse pas... Quant au cruel remords d'avoir tué un brahmane, prince, bannis-le de ton sein : je ne suis pas de la race élue ; rassure-toi : mon père est un vaiçya, et ma mère une çûdrâ. »

. . . A la prière du jeune homme, le chasseur extrait alors la flèche qui le torture : la victime meurt, et le meurtrier involontaire se rend à la cabane de l'ermite aveugle, qui croit entendre son fils et lui demande pourquoi il a tant tardé. Angoisse ! l'enfant ne répond pas, ce n'est pas lui, il est mort : tous ces coups se ramassent en quelques vers ; et alors jaillissent les lamentations funèbres, la prière à Yama qui ne lâche point sa proie, la foi en la béatitude méritée par les œuvres pies. A la

�� �