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231 LES LITTERATURES DE L'INDE

(19) Le papillon vole à La Lampe, sans prévoir la brûlure; le poisson mord à L'appât, ignoranl de L'hame- çon; mais nous, qui savons de quel réseau cruel s'en- veloppenl les joies de La vie, nous n'y saurions renon- cer: ô profondeur insondable de notre démence!

28) Aux arbres '1rs forêts penden! îles fruits qu'on peu! cueillir à Loisir pt sans peine ; partout on trouve de clairs ruisseaux d'eau douce et, fraîche, el des lits moelleux laits des jeunes pousses des lianes fleuries; et pointant il y a dos malheureux qui s'humilient aux portes dos riches !

(38) Dans le soin de la mère, parmi les immondices, le corps gît captif et serré; le jeune homme ne goûte qu'un bonheur troublé par les douleurs de l'absence de celle qu'il aime; le vieillard n'est aux yeux des belles jeunes filles qu'un objet de rebut et de risée : dans le tourbillon des existences, est-il donc, dites-moi, une seule pauvre joie?

l 13) Hier la maison était peuplée, et aujourd'hui elle n'a plus qu'un habitant ; cette autre n'en avait qu'un, puis elle s'est remplie, maintenant elle est vide: ainsi, jetant tour à tour les deux dés du jour et de la nuit. Kâla et Kàlî 1 jouent sur le tablier de la terre avec des pions qui sont les hommes.

(49) Ceux qui nous élevèrent, il \ a longtemps qu'ils sont partis; ceux qui grandirent avec nous, eux non plus, ne sont qu'un souvenir; et nous demeurons menacés à tout instant du même sort, ruineux comme des arbres sur une berge de sable.

(76) Tandis que le corps est sain et dispos, que l'horizon de l'âge est vaste encore, que l'acuité des

1. Kâla est le Temps ou le dieu de la mort, ou encore (jeu de mots) le dieu noir, Çiva ; Kàlî « la Noire » est une forme de Durgâ, son épouse.

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