Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

214 LES LITTÉRATURES DE L'INDE

réflexions insérées par l'auteur ou d'aphorismes émis an passage par les interlocuteurs, et tous ces hors d'oeuvre, qui alentissent l'action, se le font, dans les bons recueils, très aisément pardonner; car chacun d'eux est une stance d'une élégante simpli- cité ou d'un précieux travail. Ainsi s'affirme, à chaque pas nouveau que nous faisons dans un do- maine littéraire, cet enclavement réciproque de tous les domaines qui semble la loi permanente du goût hindou.

Il n'est pas jusqu'au roman et au conte qui, con- tinus partout, ne soient encore moins séparés dans l'Inde que partout ailleurs : un recueil de contes y est, si l'on veut, un roman, en ce sens qu'il débute et finit ordinairement par une donnée narrative gé- nérale qui encadre tous les récits particuliers, quelques-uns de ceux-ci se subordonnant à leur tour les uns aux autres 1 ; c'est un vampire qu'on va dé- crocher d'un arbre et qui, tandis qu'on le transporte, conte une histoire, puis s'échappe, et, lorsqu'on est retourné le chercher, en conte une autre ; ce sont les trente-deux figures décoratives sculptées sur un trône qui successivement prennent la parole au moment où le roi s'y vient asseoir. Et, de même, le roman se compose volontiers de récits d'aventures isolées, qui seraient parfaitement indépendantes les unes des autres, si l'on n'avait pris soin de ménager

1. Voir plus bas, p. 257 et 262.

�� �