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ROMANS 871

prince «lit à son émissaire: « Tiens, voici mon por trait ; va le montrer à cette femme, et elle te de mandera si vraiment il existe au monde un être aussi beau »... et tout se passe comme il l'a dit. Les Hindous, apparemment, ne s'étonnent pas de si peu de chose. Ils s'étonnent moins encore de certaines gentillesses morales, qui nous surprennent davan- tage : il y a au chapitre VI I une exhortation adressée par un pieux ermite à une courtisane repentie, qui a trompé les espérances de sa mère, d'abord en s'éprenant d'un jeune homme sans fortune, ensuite en se retirant au désert; c'est un sermon fort édifiant.

«Considère, ma chère enfant, que la vie au désert esl pénible et amère. Ceux qui s'y condamnent en attendent, pour récompense, soil la délivrance, soit la béatitude céleste. Mais la délivrance esl d'accès très difficile : elle h échoit qu à l'infinimenl petit nombre de ceux qui ont atteint l'illumination suprême el parfaite. Quant au ciel, -.'in- doute, tous les hommes le peuvent gagner; mais La première condition, pour ce faire, esl de remplir fidèlement ses devoirs de famille. Abandonne donc ta folle entreprise, retourne-t'en chez toi, el vis selon le désir de ta bonne mère. »

l'A ne croyez pas que l'excellent homme ne tienne pas son grand sérieux : ce u'esl point sa faute, -i sa candeur ressemble ;i de l'ironie : mais I tnde ne plaisante pas sur les devoirs de caste el de Famille. I esl par ces inestimables traits de mœurs que vaul surtout pour non- le roman hindou ; et l'on doit reconnaître que, de tousles romanciers, Dandin est

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