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2. ― Les recueils védiques.


À ce panthéon l’Inde préhistorique a élevé le vaste monument qu’elle appelle le Véda. Ce mot (exactement vêda) ne signifie autre chose que « science » et implique un recueil encyclopédique des connaissances de l’époque. Encore que ses vues soient courtes et surtout chimériques, le Véda ne dément pas son titre ; car il forme un amas de traités liturgiques, théologiques, philosophiques, dont j’essaierai plus bas de donner quelque idée, et au dépouillement complet desquels une vie d’homme suffirait à peine. Au sens moins large, toutefois, on réserve le nom de Vedas, à quatre recueils poétiques relativement peu étendus, compilés, eux aussi, il va sans dire, pour les besoins exclusifs de la liturgie, mais empreints d’un cachet littéraire plus ou moins accusé. Entre ceux-ci même, l’inégalité, sous tous les rapports, est flagrante. Le Sâma-Véda « livre des mélodies » n’est qu’un livret de plain-chant, un petit extrait du Rig-Véda avec notation musicale, à l’usage des prêtres chantres. Le « livre des formules » (Yajur-Véda) contient bien des stances étrangères aux trois autres, mais surtout des séquences de prose ou de brèves adjurations, que murmurent à mi-voix les servants du culte en vaquant à leur besogne minutieuse et compliquée.