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une sébile à la main, il recueille les rogatons de porte en porte, et jeûne s’il n’a rien recueilli. Ainsi il résout le difficile problème de faire sa vie aussi inoffensive que possible ; car toute vie est coupable, en ce qu’elle restreint la consommation d’autrui, les ressources d’autres vies ; mais s’abstenir entièrement, ce serait encore supprimer une vie.

Ce programme impérieux de piété, de charité et de renoncement n’est, bien entendu, qu’un idéal ; mais il a été souvent réalisé, il l’est encore, dans l’Inde ; et, — ne l’eût-il été jamais. — ce n’est point une race vulgaire, celle qui a su se hausser à la conception d’un tel idéal.

Tel est l’esprit général des Çastras. Quant au détail de leurs règles, nous n’en avons point affaire ici ; mais nous en pouvons prendre pour type le plus ancien d’entre eux, le plus complet et le plus justement célèbre.


2. — Les Lois de Manu

Le terme usuel qui désigne en Occident le Mânava-Dharma-Çastra est assez peu propre à en donner aux profanes une idée même approchée ; car ce serait à nos yeux un code assez insolite, que celui dont chaque article ferait une stance de 4 vers octosyllabiques, qui commencerait par un récit de la création du monde, et s’achèverait par un long chapitre de philosophie à la fois métaphy-