Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/83

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gement divers des atomes, mais d’une différence primordiale (viçêṣa) entre les atomes de l’eau, ceux de la terre, etc. Pourtant le Nyâya passe pour un des piliers du théisme orthodoxe, et de son âtman les disciples de Gautama ont abstrait une Âme suprême, omnisciente et toute puissante, qui règle tout dans l’univers. Comment cela ? On ne saurait trop le redire : la logique, à elle seule, ne découvre rien ; le syllogisme n’est qu’un moulin à idées, et, si les philosophes de cette école ont trouvé Dieu dans leur mouture, c’est qu’à leur insu ils l’avaient introduit dans leur grain. Il n’est pas étonnant que tous les esprits ne se soient pas déclarés satisfaits de cette innocente pétition de principe.


2. Sâṅkhya et Yôga

C’est par l’athéisme que le Sâṅkhya échappe à la contradiction ; par un athéisme qui ne s’ignore point, et qui cependant aboutit à la contemplation mystique du Yôga. Ce « recensement synthétique » (dérivé de saṅkhyâ « computation » ) parait remonter fort haut ; mais il est probable qu’il a subi de notables changements, depuis son fondateur Kapila, jusqu’à l’état plus moderne où il nous apparaît : et c’est la une raison, entre cent, car il est extraordinairement dense, — de se borner à en effleurer les principes.

Au lieu de partir du particulier, comme les sys-